Peintures : gare à la MIT, puissant allergène


La plupart des peintures à l’eau contiennent de la méthylisothiazolinone. Or, les risques de réactions allergiques sont réels.

Sans relâche, 60 Millions traque la présence de la méthylisothiazolinone (MIT), un conservateur très allergisant, dans les produits de consommation courante.

Après les cosmétiques, les produits d’entretien ou encore les lessives, pour la première fois, c’est dans des pots de peinture que nous avons recherché la présence de ce conservateur. Au total, nous avons analysé 48 pots de peinture dans notre magazine de mars.

Verdict : la méthylisothiazolinone et la benzisothiazolinone (BIT, une autre substance de la même famille) sont bien présentes dans la quasi-totalité des peintures testées – et à des concentrations non négligeables, même dans des peintures affichant un label écologique !

Autorisée depuis 2005 dans les cosmétiques

La MIT bénéficie d’un vif intérêt auprès des fabricants, notamment de cosmétiques, depuis quelques années. Ils l’utilisent pour son action antimicrobienne en substitution aux parabènes, devenus source de méfiance chez les consommateurs.

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Depuis 2005, la réglementation européenne a en effet autorisé dans les cosmétiques le recours à la méthylisothiazolinone seule (elle était jusque-là autorisée en associant un autre conservateur de la même famille) jusqu’à une certaine concentration : 0,01 % du produit fini ou 100 parties pour million (100 ppm = 100 mg/kg). Une concentration qui paraît faible, mais qui n’écarte pas le risque de sensibilisation.

« Épidémies d’allergies » à la MIT

Pour preuve, partout en Europe, dermatologues et allergologues doivent faire face à une recrudescence d’allergies de contact provoquées par la méthylisothiazolinone. Certains spécialistes n’hésitent plus à parler « d’épidémie d’allergies » à la MIT.

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En France, la proportion de personnes dites « sensibilisées », c’est-à-dire qui développent une réaction allergique (le plus souvent un eczéma de contact) après avoir été exposées à cette substance, est estimée de 2 à 4 % de la population, voire davantage. Car les chiffres diffèrent selon les sources.

Interdite dans les cosmétiques sans rinçage

Face à la situation, les autorités de santé européennes ont réagi a minima. Depuis le 12 février 2017, la MIT est interdite dans certains produits cosmétiques, en l’occurrence ceux qui s’utilisent sans rinçage comme les crèmes et les laits pour le visage ou le corps.

Mais elle reste autorisée dans tous les cosmétiques qui se rincent (gels douches, shampoings, etc.) ainsi que dans beaucoup d’autres produits de consommation courante.

Pas toujours annoncée dans la liste des ingrédients


Or, les personnes déjà sensibilisées à la MIT via les cosmétiques risquent de développer des réactions en étant en contact avec d’autres produits. D’où l’intérêt de s’intéresser à la composition des peintures.

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D’autant que la présence de MIT (ou d’autres thiazolinones) dans ces produits reste largement inconnue du grand public. Notre étude montre qu’elle n’est pas systématiquement annoncée dans la liste des ingrédients, même quand elle devrait l’être. La réglementation exige, en effet, de l’indiquer au-delà d’une certaine concentration.

De plus – et c’est l’un des enseignements majeurs de notre étude –, les doses de thiazolinones mesurées peuvent varier, d’un pot à l’autre, de un à dix… Quand on sait que ces peintures sont destinées à être appliquées du sol au plafond, dans toutes les pièces de la maison, ces résultats posent forcément question sur les risques.


Source : https://www.60millions-mag.com/

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